lundi 9 juin 2008

To/\oT.

* C'est sans doute parce que j'ai travaillé avec un miroir sur Passemerveille que ça m'a à ce point sauté aux yeux : dans Sparrow, j'ai été surpris par la quantité impressionnante des plans pris dans des miroirs ; est-ce que c'est une nouveauté chez To, je n'en sais rien, je n'y prêtais peut-être pas attention jusqu'à présent. Ce sont les nombreux flous de diffraction qui m'ont mis la puce à l'oreille, j'ai même d'abord cru que c'était un problème technique, un problème de projection, et puis à y mieux regarder, j'ai compris que ce n'était pas le cas (ou au moins pas toujours, me reste un doute sur le point, les sous-titres me semblaient légèrement flous, incertitude donc). Et ce sont les perspectives tordues de certains contrechamps étranges qui me l'ont confirmées. J'avoue n'avoir pas toujours compris pourquoi To en passe par là, mais c'est régulièrement épatant, bien que tout à fait, si j'ose dire, invisible (enfin, transparent) (hum) (vous voyez ce que je veux dire?).

* Je m'explique, un exemple : lors de la confrontation entre le boss, Chun Lei et Kei, dans le bureau du boss, on a, si je ne m'abuse, lorsqu'on se trouve au coeur de la conversation boss-Kei, un découpage assez classique de champ-contrechamp entre les deux interlocuteurs. Les valeurs d'échelle, je crois, diffèrent, mais chacun, ce me semble, a son plan. Avec cette nuance que dans le plan de Kei, il y a cette petite lampe au corps de verre, dans lequel Chun Lei, de façon délicieusement improbable, se reflète (RR-like, once more). L'essentiel de la conversation a lieu entre Kei et le boss, Chun Lei n'est invitée à parler qu'à la fin, par Kei. Je serais alors prêt à parier que lors du plan sur Chun Lei, il n'y a pas le moindre mouvement d'appareil, je pense vraiment que c'est en vérité un reflet filmé sur un miroir mobile, que l'on incline latéralement pour les besoins du plan. L'effet n'est pas souligné, peut passer inaperçu, je ne crois pas qu'on y songe réellement devant le film, et pourtant il enrichit directement l'échange entre les trois parties.

* Tout ceci, peu clair et ici mal théorisé, mal expliqué (régulièrement - le film laisse le temps de penser, un peu trop dans un sens - je me redemandais pourquoi, hors l'effet plastique qui en soi n'est pas rien, To en passait par cette logistique), pour dire que Sparrow est un régal esthétique, pas franchement passionnant du point de vue de l'écriture scénarisitique, mais assez bluffant du point de vue de l'écriture chorégraphique. Vous avez vu la lumière sur les parapluies, lors des duels Leoniens? La lumière de ce film en général, de toute façon. Ce qui frappe, d'ailleurs, c'est qu'on est sans cesse à la lisière de l'imagerie publicitaire, dans cette légèreté des reflets et des flous soyeux, caméra en douce glissade permanente ; de fait c'est aussi un peu (trop) une démonstration de force visuelle, on peut s'y ennuyer, parfois, le temps de la mise en place... A l'évidence To sacrifie, sans embarras aucun, le rythme à l'effet et à la profusion.

* Même joie pure de filmer, même potentiel de feu que Kiyoshi Kurosawa, me disais-je plus tard, et pourtant démarches cinématographiques clairement opposées ; selon les jours je préfère quand même le sérieux et la rigueur du deuxième (vous vous souvenez du plan-séquence incroyable, dans le commissariat de Rétribution? ces trois panos=trois plans d'une précision maniaque?).

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Vu enfin Sparrow. on en reparlera mais je suis épaté par la façon dont To semble toujours s'amuser, sans cesser de voler loin au-dessus des autres en terme de pure mise en scène.

Peut-être un peu plus kitsch, un peu plus relou que d'habitude dans la mise en place, oui, mais une telle envie de cinéma, un tel besoin de cinéma (ça parait tellement naturel que l'oiseau vienne se poser sur une mandarine (le projecteur pas-le-fruit) au début et à la fin du film. Sachant en plus que le fait que Kei est un photographe n'est pas développé.

Fou de la façon dont To creuse film après film la question du collectif et de l'individuel, comme un danseur. Content de l'idée de présenter 4 fois consécutives son héroïne, et de 4 belles manières différentes.

Un film mineur c'est sûr, mais putain quelle classe, non ?

GM a dit…

si! :)