lundi 10 août 2009

Les actes manqués.

* Quel outil formidable ce doit être, n'empêche, pour un professeur de scénario, que Dr House! Quelle belle invention qu'un personnage qui prend un malin plaisir à rappeler les enjeux, à grossir tous les symboles, à faire tous les rapprochements, toutes les métaphores du monde. Et même à souligner les paradoxes, ou à désamorcer tout ce qui pourrait devenir meulant. On me disait dans les commentaires que la série ne tient que par son personnage principal, et c'est tout à fait vrai, dans tous les sens du terme, c'est le rouage principal, c'est le moteur narratif parfait, mais ce ne serait rien si l'affect n'allait pas avec. Vous avez remarqué, dans la saison 2, comme il a contaminé son équipe et que ça leur fait peur et nous fait peur (toujours au bord de la misogynie, du racisme, du cynisme absolu, et même, plus ça va, de la violence, comme dans cet épisode terrifiant qui conjugue tout ceci, avec la gamine black de son ami, à laquelle il casse un doigt parce qu'il la considère comme une menteuse/parce qu'il veut prouver que la douleur lui déclenche des hallucinations...), comme c'est ça l'enjeu majeur de cette saison 2? Ils se veulent tous trois tantôt copykitten de son mood, tantôt radicalement anti-lui, ils n'arrivent pas du tout à se définir eux-mêmes. Marrant d'ailleurs comme Chase est devenu passionnant car en retrait, à peine présent, comme lâché par le scénario (c'est l'évidence avec la surécriture : la rare chose qui y échappe accroche l'attention), la fragilité qu'il dévoile lors de l'épisode où il bosse à la maternité, qu'est-ce que ça signifiait?

* Idée géniale, n'empêche, j'insiste, que ce médecin qui a le virus du mauvais esprit et de la franchise à tout crin, ça me rappelle ce bel épisode de Fringe, avec ce type dont les émotions étaient un virus, qui pouvait amener quelqu'un de fragile à se suicider si lui-même allait mal, était un peu déprimé...

* À force que Gwen insiste, j'ai fini par ranger mon étagère, et du coup j'ai évidemment rangé plus loin, rangé globalement la pièce à vivre, passé l'aspi partout, réorganisé un peu, fait du nettoyage par le vide, du tri. Retombé sur de vieux cours de scénario, il faudra que je les relise et éventuellement les passe à L. si elle veut les lire, mais j'ai bien peur d'être le seul capable d'y comprendre encore quelque chose, tant ils sont bordéliques et surtout maculés de dessins dans tous les sens. Et trouvé des notes pas complètement idiotes sur le documentaire (merci aux cours de François Niney), et d'autres assez puantes sur la notion de plan (je me souviens pas du nom du prof). Toutes deux de la même époque, de Paris 3.

* Retrouvé un très beau carnet de dessin d'un moment où j'avais un très beau feutre noir, et je suis bluffé de certaines choses que j'y trouve, si bien que je me demande même une seconde si c'est bien moi qui les ai faites (mais oui, oui, c'est bien moi). J'ai vraiment envie que mon scanner remarche, j'aimerais bien les sauver de l'oubli. Des trucs très étonnants à mes yeux, des paysages qui n'ont pas voulu s'encombrer de perspective notamment, parce que je suis nul en lignes de fuite, et qui composent avec le plat et les matières et créent un truc étrange, disons d'épaisseurs et de layers, que j'aime beaucoup. Un trait que je n'ai jamais eu avant ni après, à ma connaissance, un moment où sans doute je me tordais la main pour ressembler à je ne sais qui (il y a quelque chose de familier dans la technique, mais aucun nom ne me vient, là, tout de suite).

* Je déteste jeter mes vieux dessins, et j'allais dire surtout les ratés. Je jette des dessins du jour sans problème, mais du moment où je ne les ai pas jetés le jour même, c'est qu'il ne fallait pas le faire et donc que quelque chose m'y retenait, quelque chose y avait été expérimenté, ou bien pas du tout, quelque chose de classique y avait peut-être été réussi, et dans les deux cas, étant complètement autodidacte, ça me retient. J'adore revoir des vieux dessins ratés et comprendre en quoi ils l'étaient et pourquoi aujourd'hui ils le seraient moins, ne le seraient plus ou le seraient toujours si je m'y attelais de nouveau. J'aime aussi beaucoup retrouver un dessin réussi, mais il y a toujours un deuil avec ceci : j'ai toujours l'impression que je ne serai jamais capable de le refaire, que c'était un bel hasard, une belle chance. C'est aussi parce que je pratique avec trop d'irrégularité. Ça fait longtemps que je me promets de m'offrir des cours. Mais non seulement c'est cher, mais en plus ça me fait très peur, je n'ai pas envie de dessiner des pommes avec un crayon de bois calibré. Je cherche un cours de dessin qui commencerait par regarder ce qu'on fait naturellement et broderait à partir de ça. Si vous connaissez, dites-moi.

* Souvent je me dis que je devrais acheter du matériel et chaque fois que je le fais, je me démerde pour le perdre.

* Ca vient aussi, psychologie de comptoir sans doute mais bon, de ce que c'est mon frère qui est censé être le dessinateur de la famille, moi je gribouille, on n'a jamais considéré que je dessinais, et il est vrai que je n'aurai jamais la maîtrise classique de mon frérot, qui touche sacrément sa bille (plus de 19/20 au concours d'entrée des Gobelins!) (et il n'y est pas entré finalement, par choix) (a préféré devenir instituteur) (c'est fou, non?). Je n'aurai jamais cette simplicité et cette évidence (cartoonesque notamment), moi je suis dans la maladresse et le trait bizarre et biscornu qui soudain fait sens. Je fais vingt dessins et l'un d'eux a soudain de la gueule, une gueule cassée mais de la gueule. Mon frère fait un dessin et tout le monde peut le lire immédiatement. Il a ce génie-là.

* Ah et tant qu'on parle de fouiller le passé, j'ai enfin trouvé comment monter P(NC), tourné il y a 4 ans et jamais achevé, le déclic m'ayant été donné par une commande très généreuse de N, qui j'espère fera parler d'elle. Le film devrait être montrable fin août, il fait un peu moins de 6 minutes. J'en suis très surpris, donc content. 4 ans de macération et soudain la naissance en un rien de temps. Drôle de phénomène.

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